J’ai pris une grande décision : exposer mes organes. Ça m’est venu alors que je faisais cuire mon repas de midi, des tripes à l’estragon (une coudée au-dessus de celles vulgaires à la mode de Caen) et des foies de volailles. Une fricassée rapide, tu déglaces au vinaigre de framboise, et hop, tu jettes ça sur une salade du jardin, un régal.
Ça me changera de ces expos dites d’art où mon seul intérêt est de médire sur les visiteurs qui se la jouent et n’achètent rien, et ça vous changera de ces mêmes expos où vous ne venez que pour vous gaver sans vergogne de petits fours généreusement offerts –tu parles, avec ce qu’il se met dans la poche– par le galeriste. À mon expo d’organes, ni petits fours, ni machins avachis sur canapé. Tout juste s’il y aura des gaudiveaux et du clacos pour ceux qui auraient encore de l’appétit. Avec un coup de rouquin.
Une expo de mes organes. Facile, vous entends-je dire. Suffit d’être mort et qu’un bon boucher d’une quelconque ethnie d’anthropophages détaille la bête, ou à la limite, un étudiant en médecine pas trop manchot ou un médecin légiste à la retraite.
Fi, vous réponds-je d’un air hautain. C’est nul. Mon expo d’organes, c’est de mon vivant que je vais la faire. Lequel vivant durera peut-être moins que la vie des rats, mais suffisamment longtemps pour que je récolte honneurs, articles dans la presse, passages télé, conférences, interviews et plus tard, funérailles nationales. Je ne parle pas du pognon avec les arrhes que verseront les clients pour l’acquisition de mes meilleurs organes, donc tous. Je me suis branché avec un chirurgien tip-top. Je n’ai plus qu’à attendre sa sortie de prison.
On ne peut pas vivre sans l’ensemble de ses organes, que ce soit parce qu’on les expose ou pour toute autre raison, vous ouis-je m’opposer.
Baste ! Qui dit que j’en serai privé ? Vous croyez quoi ? Qu’on va me les prélever, me les enlever et les mettre sous cloches de verre réfrigérées pour que les mouches ne viennent pas énamoureusement s’y ébattre ou casser la graine ? Naïfs que vous êtes.
Une fois prélevés mes organes seront effectivement installés sous des cloches en verre (vous êtes contents, hein, vous y aviez pensé), sauf que mes nerfs, artères, veines et réseaux lymphatiques qui les relient à ma charmante personne seront simplement étirés ou rallongés, de façon à ce que je sois en permanence connecté à eux. Et j’aime autant vous dire que je n’aurai de cesse d’avoir l’œil sur chacun de ces morceaux de viande de mon anatomie. Celui de mes yeux qui, posé en haut d’un mirador, scannera en permanence la salle d’expo. Les signaux qu’il percevra seront envoyés via un nerf optique qu’une fibre tout autant optique prolongera vers le cerveau, lequel sera mollement installé sur un coussin de velours soyeux. Et gare à qui s’essaiera à quelque larçin, s’amusera à faire des tags sur mes biens ou à y dessiner des graffitis.
Aucune galerie d’art n’acceptera de montrer de telles horeurs, vous entends-je marmonner méchamment. Tiens donc ! Et en vertu de quoi, de la vertu des marchands d’art ? Et que je vous dise : au cas où aucun de ces idiots n’accepterait de m’exposer, la Boucherie Centrale est déjà d’accord. Pas celle de la rue des Bouchers, mais celle de la grande halle, à côté de la Triperie Générale. Ça vous la coupe, hein !
La grippe ou autres maladies infectieuses, j’y ai pensé aussi. Des sas automatiques de décontamination seront installés. Le visiteur enfiche sa carte bancaire et une fois la transaction acceptée, zou, direction la visite guidée. Par moi. Je veux dire par ma langue, mes lèvres et le reste qui trôneront sur une colonne adéquate que mon copain Maurice aura bricolée. Maurice, c’est lui qui se chargera des aspects hautement technologiques, de la video et du blog qu’il aura concocté avec moi pour l’occasion.
Je n’en dirai pas plus pour l’instant ; il faut bien faire monter la pression. Mais préparez-vous à bientôt vivre un rare moment d’une incommensurable richesse culturelle.
…..Vous trouverez ici des Organes de transmission mecanique ….de differents fabricants et distributeurs.Comparez les offres Organes de transmission mecanique et demandez un devis en ligne………. ….Chaine de transmission du pas de 4 mm a 76 2mm vous trouverez une large gamme en acier standard ou inoxydable ainsi que les pignons en version monobloc ou moyeu amovible … …..
J’adoooooore ! C’est quand même beau la communication. Que serait-on sans l’Internet, ma bonne dame ? J’ai failli mettre à la corbeille ce commentaire, mais Dieu, le mec qui a inventé l’humour, m’a dit : « fais pas le con », c’est trop drôle.
Ça c’est un sujet pour moi, que je me suis dit. Je sors donc de ma cuisine pour venir sur ce blog discuter le bout de gras et tailler la bavette.
Toute cette tripaille exposée par Vaissière n’a pas l’air très fraîche, je saurais pas trop comment accomoder ça, mais de toute façon, je fais pas dans le cannibalisme même si je suis pour le don d’organes.
Juste que je vous dise : avant, je vivais avec un boudin qu’avait le vin mauvais, et fallait avoir des tripes et de l’estomac pour sortir avec elle, des fois j’avais les foies, mais j’ai aussi du coeur, alors j’ai supporté jusqu’au jour où j’ai eu un coup de sang. Après des querelles intestines et une guerre des nerfs où chacun défendait son bifteack on a divorcé. maintenant je vis avec un tendron et j’ai de la veine, foie de Norbert !