Tu as rêvé d’être grand. Tu as rêvé d’être le Timonier de cette terre du nord de l’Afrique, le Maghreb, que tu as sans doute aimé car il était ton sang, et rêvé d’une union avec les pays du Machrek.
Tu as rêvé d’être aimé du peuple –et tu l’as été un temps en redonnant fierté et liberté à la Libye–, tu as rêvé d’être adulé par ceux à qui tu as donné des parcelles de pouvoir, rêvé d’être respecté par tes pairs, et tu t’es même imaginé un temps devenir respectable au sein des nations, mais le système que tu avais mis en place ne se prêtait pas à ces rêves qui sont devenus des cauchemars.
Tu as été fort, rusé, parfois habile et sans doute l’es-tu encore, car là d’où tu viens on est fort et rusé parce que c’est ainsi et qu’il le faut pour vivre ou survivre. Mais l’orgueil, le pouvoir, le mensonge, l’incohérence, l’absolutisme et les chimères qui t’ont happé t’ont rendu plus fou que ne le fait l’Harmattan.
Un jour ou l’autre, et comme tout un chacun, tu seras déchu. D’être encore assis sur ton trône n’empêchera pas tes intestins de se vider, et l’odeur qui s’en dégagera sera la tienne, que tu reconnaîtras. On ne peut passer de l’autre côté sans s’être délesté de ce qui, en cet instant où on est dépossédé du souffle de la vie, est désormais inutile. Ton trône de pacotille se délitera et tu n’emporteras avec toi ni le pouvoir, ni les honneurs, ni l’affection des tiens.
Tu rêvais d’un paradis, tu as créé l’enfer dans lequel tu as précipité tes enfants.
Et alors que ton heure est venue, tu t’enferres dans la mitraille, le feu et le sang que tu offres à la Libye en ultime legs, n’ayant plus de rêves à lui offrir.
Avant de fondre puis de t’éteindre comme une simple bougie, sauras-tu entrevoir dans les regards qui se poseront sur toi la douleur et le reproche ?
Serais-tu alors contrit que cela n’y changerait rien.
Verrons-nous couler des larmes ? De tristesse, pourquoi pas. De compassion, peut-être. De joie, sans doute. Ces magnifiques mais terribles larmes de joie.
C’est bien un peu gentil tout ça
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