On croyait que tout était perdu, fors les bénefs engendrés par la guerre en Syrie : on se trompait. Ce que nous montre et nous démontre cette scène émouvante que notre renvoyé spécial a pu photographier à son propre insu, grâce à son appareil photo jetable qu’il a eu la bonne idée de ne jeter qu’après avoir fait développer et tirer le seul cliché qu’il a réussi à ramener au péril de la vie de quelques bonnes âmes.
On reconnaîtra aisément Bachar al-Assad à son air épanoui, et sa douce épouse Asma, née Fawaz Acrasse, Akhras, joliment appelée la Rose du désert par des poètes qui, soit ne craignent pas les épines, soit n’ont jamais cueilli de roses. Comme on pouvait s’y attendre si on suit le cours des événements, l’heureux bambin se prénomme Cyril. Pourquoi pas, après tout ? Les goûts et les couleurs…
En arrière-plan se profilent trois personnages, sans doute des plénipotentiaires venus de contrées lointaines pour offrir quelques joujoux, car n’oublions pas que Noël, quoi que passé, est encore proche. S’ils ne portent pas de hotte, c’est parce ce ne sont pas des pères Noël, et c’est surtout parce qu’elles seraient trop petites et trop lourdes à porter. Essayez d’y mettre ne serait-ce qu’un char, quelques kalachnikov, deux ou trois missiles, un hélico et un avion de chasse, et vous verrez.
Moi, ils me font penser aux rois mages, les trois lascars. Celui en rouge, peut-être, m’a dit mon renvoyé spécial, mais l’autre en blanc, ça sent plutôt le septentrion, et Vladimir (il m’a dit s’appeler Vladimir), ça fait pas des masses contes des Mille et une nuit.
Bon, on n’est pas là pour un interrogatoire, hein !
Le drapeau ? Paraîtrait que c’est le drapeau syrien, même s’il serait question de le changer, à cause qu’il commence à être défraîchi.
Le nouveau-né ? Quoi, le nouveau-né ? Il n’a pas l’air d’avoir le moral ? Bah, il s’y fera.
Quoi qu’il en soit, preuve est faite, encore une fois, qu’il ne faut jamais désespérer.
Merci mon Dieu.