Europe : Le Meilleur des Mondes

Les Grecs ont l’Acropole sur laquelle ils ont planté le Parthénon, un site qu’ont beaucoup visité les Allemands amateurs de croix gammées, d’archéologie et de folklore, de 1940 à 1945, ou par là. Sans les Nazis et leurs tirs nourris de mitraillettes, le sirtaki manquerait cruellement de grâce, de légèreté et surtout d’agilité lorsque, vêtus de leur costume marrant comme tout, les evzones se jettent dans la danse à corps et pompons perdus.

Les Turcs ont Ephèse, Hierapolis et plein d’autres tas de cailloux qu’adorent visiter les touristes Allemands. Ces derniers ont Siemens (un épais dossier qui énerve les Grecs), plus quelques intérêts parfois inavoués dans le berceau de la démocratie. Avec leur énorme cheptel porcin ils fabriquent de la saucisse au kilomètres, et font tourner à plein régime leurs fabriques de viande de kebab qu’ils exportent dans l’UE. Ils font couler des torrents de bière au débit incessant et construisent des voitures 100% allemandes de qualité allemande avec des pièces chinoises (comme tous les constructeurs automobiles, faudrait être idiot pour ne pas le faire). Les Grecs fabriquent les olives à la grecque, font pousser la féta dans les près où paissent leurs jolies brebis, se pionardent à la retsina ou à l’ouzo. Les Turcs ont les vécés à la turque et le café itou, produisent les noisettes sans lesquelles la pâte à tartiner ne serait pas ce qu’elle est, ce qui d’ailleurs ne serait pas plus mal. Ils ont des frontières avec des gens pas très recommandables avec lesquels ils commercent allègrement. Les Turcs modernes se rétament au Raki, tandis que les autres essaient désespérément de s’enivrer au kéfir de figues, ça leur apprendra à suivre des préceptes douteux.

La Grèce est un petit pays qui agace toute la bonne Europe –celle du nord–, et surtout l’Allemagne, mais aussi les Grecs eux-mêmes. L’Allemagne agace la Grèce, mais aussi les autres pays du sud Europe. À l’instar de la Turquie avec qui elle est plutôt en bons termes, et ça n’est pas nouveau, l’Allemagne est un grand pays qui a toujours caressé le rêve d’être encore plus grand, grand comme un empire.
Mais Grèce et Allemagne ne sont pas que ça, pas plus que Grecs et Allemands ne le sont, car tous-quatre sont bien autre chose.

Les Grecs sont un peu les têtes de Turcs des Allemands, comme on a pu en juger lors du dernier conflit mondial, tandis que les Allemands sont un peu les têtes de Turcs des Grecs, ce qui se comprend si on repense à la période 1940-1945, certes révolue, mais pas tombée dans l’oubli chez les Héllènes. Et cela ne devrait pas plus nous regarder que l’oeil de Dieu ne regardait Caïn, une quasi espèce de premier nazi et premier meurtrier que Dieu créa juste avant de lui fabriquer un frère, Abel, l’évident premier Grec de l’humanité puisqu’il se fit proprement et profondément empapaouter par Caïn, un salopiot de faux frère. Lequel, paysan borné et jaloux sans borne (il n’y avait pas de frontières, à l’époque) avait estourbi son simplet de frèrot à grands coups de fléau. Le baseball n’étant pas pratiqué dans la région, il avait dû effectuer le boulot sans l’aide d’aucune batte. « Mon offrande au grand chef (Dieu), je veux pas dire, c’est quand même autre chose que la tienne » avait stupidement dit Abel à Caïn dont le sang n’avait fait qu’un tour, et celui d’Abel tout un tas une flaque. On connaît la suite.

Ce fut une première pierre d’achoppement entre Grecs et Allemands, on le comprend, d’autant si on a la double nationalité germano-grecque, raison suffisante pour devenir schizophrène, encore plus si, pour des raisons obscures, on a des ascendants turcs, ce qui n’est pas si rare au vu des déplacements de population qui eurent lieu dans la région.

C’est de l’histoire ancienne et peu nous chaut, me direz-vous, en pensant aux falaises calcaires des îles de la mer Egée, deuxième pierre d’achoppement si on évoque les frictions toujours possibles qu’elles provoquent entre Grèce et Turquie, donc entre Grèce et Allemagne, ayons le courage de le dire, même si c’est moins évident qu’il n’y paraît, voire complètement idiot. Les liens privilégiés, notamment économiques, entre la Turquie et l’Allemagne ne poussent pas celle-ci à s’investir davantage dans une relation (avec la Grèce) qui lui coûte cher financièrement, alors que commercer avec la Turquie présente autrement d’avantages. Relation qui pourrait aussi coûter très cher politiquement à la Chancelière que les Allemands, las de mettre la main à la poche, pourraient faire chanceler. Une peau de banane habilement lancée depuis la Crète* sur la piste de danse aurait vite fait de faire tomber la mère Angela, surtout si l’envie (improbable) lui prenait de faire un pas de danse sur la musique de Zorba le Grec.

Le temps faisant son office, tout pourrait s’arranger au mieux entre Grecs et Allemands, et au-delà entre états de l’Europe du nord et ceux de l’Europe du sud, mais l’Union européenne, parce qu’elle n’a pas de projet où l’humain prendrait toute sa place, navigue sans sextant, ni carte, ni boussole, droit sur un mur qui ressemble au Meilleur des Mondes d’Huxley. Dystopies (utopies bidons vouées à la catastrophe), mensonges et promesses intenables, magouilles, illusions et cupidité sont l’évangile qui mènera le bateau au naufrage. Avec l’assentiment coupable de citoyens médiocres et asservis qui placent à la gouvernance des individus qui n’ont pas la lumière dans toutes les pièces.

Aujourd’hui, bien qu’habitués depuis des décennies à se faire rouler dans la farine d’importation et dans leur propre farine, les Grecs l’ont bel et bien dans le phion (κώλος = fondement, en grec), les Allemands en ont gros sur la Kartoffeln et pas lourd dans le portefeuille ; les Français en ont par dessus la tonsure ; les Italiens en avalent leurs spaghetti crus de travers ; les Espagnols se voilent pudiquement la face sous leurs mantilles et jouent des castagnettes avec leurs dentiers ; les portugais se remettent au Fado, valeur refuge. Bref, nombre d’Européens (surtout du sud) trinquent à la santé des patrons de la grande pompe à finance qu’ils ne font tourner que dans un sens : celui du Meilleur des mondes. Auquel a échappé la Turquie, Allah est grand et miséricordieux !


* La Crète et Chypre (une épine dans le pied des Turcs et des Grecs), sont producteurs de bananes.

A propos pierrevaissiere

On avait réussi à collecter une dizaine de mots qui parlent de l'olibrius qui écrit ces âneries, et voilà, ils se sont échappés. C'est pourtant pas faute de les avoir tenus en laisse.
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