Terroriste

On ne se fabrique pas tout seul. Et on ne se fabrique pas en un ou deux jours.
Moi, on m’a fait terroriste, peut-être parce que chez moi, là où je vis, le boulot a été un peu bâclé, mais je ne me rappelle pas qu’on m’ait demandé mon avis, et à vrai dire, je n’avais jamais rêvé d’être terroriste. D’ailleurs, j’aurais bien été infoutu de comprendre en quoi ça consistait exactement, de faire terroriste. Quand je dis le boulot, c’est de l’éducation dont je parle, l’éducation, l’instruction et le milieu où j’ai poussé.
Comme la plupart de mes petits camarades, c’était plutôt pompier, pilote, mécanicien, footballeur, ou docteur que je m’imaginais être un jour. Même gendarme. Bref, un métier où on voit bien ce qu’on fait, surtout si on porte un uniforme ou un costume. Je voulais aussi être papa. C’est pas un métier, papa, se marraient les plus grands.
Gamin, on voit assez vite l’intérêt qu’il y a à être apprécié, respecté, aimé et même envié parce qu’on a une belle maison, une belle bagnole et une gentille femme. Et on sait bien qu’avoir un métier ça sert à ça et aussi aux autres, comme quand on est boulanger ou facteur ou n’importe quoi d’autre, comme policier, par exemple, que ça m’aurait bien plu. Ou même épicier pour toujours avoir de quoi manger et que les gens ils nous disent bonjour et nous on leur répond pareil.

Bon. Je ne sais pas comment ça s’est fait, mais c’est comme ça, on m’a fait terroriste, et du coup je me suis retrouvé à être terroriste. Au début ça m’a fait tout drôle, puis je me suis dit que ça ou autre chose…  Mais autre chose, c’était pas possible, puisque la vie m’a façonné pour être terroriste. Et franchement, ça ne m’amuse pas plus que ça, parce que passés les débuts un peu exaltants et entendus mille fois les mêmes blablas sur la bravoure, la résistance, l’héroïsme, les desseins de dieu et le destin lumineux qui m’attend, je n’en ferais pas une maladie si je devais mourir.

A propos pierrevaissiere

On avait réussi à collecter une dizaine de mots qui parlent de l'olibrius qui écrit ces âneries, et voilà, ils se sont échappés. C'est pourtant pas faute de les avoir tenus en laisse.
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