Mariage homosexuel, Femen, fachos et fossiles

Supposons que je sois une nana. J’aurais pu dire meuf – traduction gonzesse–, pétasse –traduction pouffe–, greluche, gerce, voire femme. En tant que femme, nana me convient, passons. Une nana féministe jusqu’au bout des ongles, militante de Femen et homosexuelle de surcroît. Et supposons que des gros bras qui manquent de coucougnettes –je parle de ces butors dont l’érection est soumise à la violence qu’ils exercent sur plus faibles qu’eux –entre autres les femmes– soient commis au service d’ordre de désordre d’une manifestation de bons chrétiens anti mariage homosexuel . Sachant qu’ils sont une ribambelle et qu’avec mes copines on est loin d’être un régiment, me dépoilerais-je à moitié et les provoquerais-je en les invectivant de façon injurieuse ? Ou attirée, et pourquoi pas excitée par leur mâle virilité, me précipiterais-je entre leurs bras câlins  pour m’y blottir,  m’y réconforter et me faire consoler  d’être née femme ? Que dalle, que tchi, nada et nenni, putain de bordel de merde ! Puis d’abord, mes charmes, manquerait plus que ça que je les offre à l’oeil, à l’oeil allumé de voyeurs en mal de se soulager à l’oeil, cette salope, elle l’a cherché ! Alors si jamais je devais me frotter à une manif, d’autant plus si sabres et goupillons sont brandis au nom d’un dieu qui aurait oublié les saintes paroles christiques de son fils bien aimé –paroles d’amour, de paix et de compassion–, j’enfilerais, avant de m’y rendre,  un slip une culotte et un sous-tif en zinc, des collants en coton, une jupe en laine tricotée main, un chemisier col claudine en popeline blanche et je me mettrais un duffle-coat bleu marine en kevlar. Plus socquettes blanches et trotteurs en nubuck, cuir que la souplesse rend apte à la fuite. Un béret bordeaux d’où sortiraient mes nattes (blondes) parachèverait mon apparence de gentille nigaude.
Bref, pas tout à fait conne, quoique blondasse, ça n’est pas mon genre d’aller me fourer dans la gueule du loup de loulous qui se la jouent justiciers –un comble !– voyous qu’ignorance et stupidité maladive portent au fascisme et qui n’auraient pas vécu si leur mère avait eu la bonne idée d’avorter.

Les Femen sont maladroites ? Un peu connes ? Très connes ? D’une finesse douteuse ? Peut-être Sans doute. Dangereuses ? Allez savoir… Supposons que je sois un mec, un vrai, couillu à souhait, soldat du Christ, un de ces bras armé de l’église et fer de lance de la vraie morale chrétienne, fervent admirateur de l’ordre –l’ordre nouveau, qu’on s’entende bien– exhibant les attributs de mes convictions : tatouages où une habile composition mêlerait coeur sacré de Jésus, croix du même, poisson (rouge sang), croix camée gammée, le portrait de Pétain en surimpression de la francisque, j’en passe… Supposons qu’avec quelques Kameraden nous marchions tranquillement au pas en chantant innocemment le Horst Wessel Lied…

…Die Straße frei
Den braunen Bataillonen
Die Straße frei
Dem Sturmabteilungsmann!
Es schau’n aufs Hakenkreuz voll Hoffnung schon Millionen…

La rue libre
Pour les bataillons bruns.
La rue libre
Pour l’homme de la SA !
Des millions déjà pleins d’espérants admirent la croix gammée…

…et que nous tombions nez à nez avec une troupe de grognasses du Femen excitées comme un pou pubien affamé. Nous sommes dix, elles sont cent. Que ferais-je alors, avec mes Kameraden ?
Injurierais-je ces pétasses  ? Les affronterais-je au risque de me faire couper mes mâles attributs, sièges de mes pensées abyssales ? Nein ! Je prendrais mes jambes à mon cou et me carapaterais fissa rejoindre la manif anti mariage gay où nous devons assurer le serfice d’ordre afec meinen Kameraden. Où nous attendrions de pied ferme ces harpies.

Supposons maintenant que je sois un de ces prélats qui se prélassent dans leur conformisme et pètent dans la soie de la certitude. Supposons que, faisant ingérence dans les affaires d’un état souverain, j’ai donné ma bénédiction aux opposants au mariage homosexuel et les ai encouragés poussés à manifester contre ce mariage contre nature (oubliant que la notion même de mariage naturel existe autant qu’existe la vérité), voire à la désobéissance civique. Sous les prétextes fallacieux que l’on sait et en usant allègrement –mais on ne se refait pas lorsqu’on estime être détenteur de la Vérité–, de sophismes et approximations, tout en ayant l’oubli facile. Et vas-y mon gars que je te baratine sur l’aspect sacré de la vie, sur le bon équilibre des enfants que seule la famille hétérosexuelle peut leur apporter ; que je dégoise en pronostiquant qu’une des conséquences de l’ouverture du mariage pour tous sera que l’interdiction de l’inceste tombera ; que je délire en estimant que cette abomination est une volonté prométhéenne de reconstruire l’humanité.
L’intérêt des enfants. Parlons-en, amis pédophiles, amis prélats qui closîtes vos lèvres pour ne pas ébruiter ce que vous saviez des pédophiles de votre gent, comme d’autres closirent leur braguette après avoir assouvi leurs bas instincts en détruisant les âmes et les corps de ceux qu’aujourd’hui vos pairs prétendent vouloir protéger. De qui se moque-t-on ?

Si j’étais moi –ce qu’au final je préférerais, même si être soi est moins aisé que de ne pas l’être–, je dirais simplement que les sociétés changent et que, quoi que pensent et fassent les uns et les autres, tout un chacun et toute une chacune pourra se marier avec qui bon lui semble et selon ses propres désirs ou besoins, y compris avec un bestiau, si telle est sa décision. Quelques siècles en arrière, on décrétait que les femmes n’avaient pas d’âme ; un petit siècle en arrière, on “assassinait” les filles-mères ;  il y a cinquante ans, on agonissait d’injures et on traduisait en justice les femmes qui avortaient et ceux ou celles qui les y aidait ; il y a quarante ans, on stigmatisait les enfants de divorcés ; il y a quinze ans, on villipendait, à défaut de les pendre, les tenants du Pacs. Il n’y a pas si longtemps que cela, les femmes ne pouvaient voter, ni éditer un chèque. Le bon temps, quoi… Les choses évoluent, c’est ainsi, n’en déplaise aux fossiles.

Supposons que je sois moi. Si j’étais moi, et contrairement à d’autres, je pourrais me regarder dans un miroir sans avoir honte de ce que je suis. Et si, le hasard faisant parfois mal les choses, j’étais… le pape, par exemple, soit je fermerais ma gueule, soit je me tirerais une rafale d’hosties dans la carcasse, en remettant mon âme à Dieu.

A propos pierrevaissiere

On avait réussi à collecter une dizaine de mots qui parlent de l'olibrius qui écrit ces âneries, et voilà, ils se sont échappés. C'est pourtant pas faute de les avoir tenus en laisse.
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